Elles sont, comme êtres humains, nos égales en dignité et en droit, ainsi que l’énonce l’article 1 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme. « En droit », c’est acquis, et on voit bien tout le chemin qui reste à parcourir pour passer de la théorie à la pratique. Mais « dignité », de quoi s’agit-il ? Ce mot à plusieurs sens. J’en privilégie un : dignité comme fierté, ou plus exactement, comme estime de soi. C’est le sens que lui donne Amin Maalouf dans Les identités meurtrières : « Pour aller vers l’autre, il faut avoir la main tendue et la tête haute. Et on ne peut avoir la main tendue que si l’on a la tête haute. » La dignité, c’est exactement ça : avoir la tête haute et ne plus jamais raser les murs. Pouvoir évoluer à son rythme, agencer ses priorités, découvrir par soi-même au fil des essais et des erreurs, des fidélités et des ruptures, comment être l’artisan de sa propre vie. La dignité, c’est aussi de ne pas avoir de bienfaiteurs qu’il faut ensuite remercier sans fin. Quand on a été colonisé ou dominé, l’émancipation n’est pas un cadeau, elle est une conquête. La dignité, quand on vient de là, c’est de pouvoir s’appuyer sur des ressources propres qui ne doivent rien à personne. Comme Lumumba face à Baudouin, on ne mendie pas ses droits, on ne remercie pas ses anciens bourreaux et on ne cherche surtout pas à leur ressembler. Voilà pourquoi il ne faut pas faire pression sur les migrant·e·s et leurs descendant·e·s, qui aspirent à faire partie de notre société, pour qu’ils et elles abandonnent leur bagage à la frontière, renoncent à leur religion et à leurs traditions, voire changent de prénom, comme le suggérait finement Éric Zemmour.
Un « nous » vraiment inclusif