L'effondrement d'Ecolo au scrutin du 9 juin fut une de ses péripéties majeures. On s'attendait à un recul, mais personne ne l'imaginait dans de telles proportions. La « malédiction du yoyo » avait frappé pour la troisième fois : comme en 2004, comme en 2014, Ecolo a perdu d'un coup la moitié de ses voix, en attendant de les récupérer la fois d'après. Pourquoi cette récurrence cyclique ? Pourquoi Ecolo se révèle t-il à ce point incapable de stabiliser ses gains ? On n'en sait toujours rien et on n'est pas près de le savoir.
L'ampleur de la défaite, et surtout sa répétition, auraient pourtant mérité une analyse sérieuse pour pouvoir rebondir dans la meilleure direction possible. Sans doute la proximité des élections communales (14 octobre) empêchait l'ouverture d'une période d'introspection paralysante. Pas grave : on aurait pu attendre quelques mois, en mettant sur pied un dispositif consensuel pour gérer la campagne. Après quoi, au terme d'un processus où différentes options auraient pu être débattues – et le champ des options est assez large – , des équipes alternatives auraient pu se former pour briguer la présidence du parti en étant porteuses d'orientations différentes. Cette démarche, pourtant logique, fut écartée. Faute de quoi, une fois de plus dans l'histoire d'Ecolo, on s'est retrouvé avec deux équipes candidates à la coprésidence interchangeables car ne se démarquant fondamentalement sur rien : ni sur l'analyse de l'échec (où, comme d'habitude, on se rassura en affirmant la validité du message, mais qu'on avait mal communiqué), ni sur les perspectives stratégiques qui ne furent même pas évoquées, alors que, pour la première fois depuis sa fondation, Ecolo va se trouver partout dans l'opposition en même temps que le PS (sauf sans doute à Bruxelles) et le PTB, ce qui change tout.
Je reprends ici deux articles consacrés à Ecolo et publiés dans la revue Politique, en 2012 et en 2014, qui peuvent encore apporter quelques éclairages utiles aujourd'hui.
Une nouvelle présidence à Ecolo : l'appareil au même ?
Politique, n° 75, mai 2012
À Écolo, on doit commencer à s’y habituer : ce parti est régulièrement sommé de rendre des comptes quant à son éthique ou à son positionnement politique là où, à l’égard de ses concurrents, on est moins regardant. Que les écologistes prennent du bon côté cette exigence ciblée. Si d’eux, on attend toujours plus que d’autres, c’est aussi un hommage du vice à la vertu. On ne va donc pas s’en priver.
Si l’exigence éthique – les rétrocessions du salaire des élus, l’interdiction du cumul des mandats, le refus du clientélisme et du trafic d’influence – est toujours aussi forte chez les Verts et n’a toujours pas pu être prise en défaut (1), le reste de leur singularité — leur singularité proprement politique – tend de plus en plus à s’estomper. Écolo a conquis de haute lutte sa place au sein de « la bande des quatre » (avec le PS, le MR et le CDH). Il s’assume désormais sans ambiguïté ni complexe comme un parti de pouvoir et, corollaire obligatoire en Belgique, comme un parti de compromis. Ainsi, il se retrouve, pour la deuxième législature consécutive, à l’intérieur de toutes les majorités gouvernementales (régions wallonne et bruxelloise, fédération Wallonie-Bruxelles), à l’exception du fédéral. Il y est en position minoritaire, n’y pesant qu’en proportion de son poids électoral, soit à raison d’un quart des zones d’influence et des masses budgétaires y affectées, selon les règles non écrites qui président aux gouvernements de coalition en Belgique, lesquelles impliquent aussi, après l’illusion de la « participopposition » de 1999 (2), de pouvoir travailler en confiance entre partenaires, et donc d’avaler en silence son lot de couleuvres.
… un rôle où Écolo excellait naguère : être le relais politique d’une société civile turbulente et créatrice, dans toute sa diversité.
Cette position rend très difficile l’exercice d’un rôle où Écolo excellait naguère : être le relais politique d’une société civile turbulente et créatrice, dans toute sa diversité. De bonnes relations avec une CSC ouverte par nature au pluralisme lui permettaient de contester au PS sa prétention à être le seul porte-parole du monde du travail sur le terrain politique. Quant aux autres secteurs d’un mouvement associatif protéiforme (environnement, droits humains, migrations, lutte contre la pauvreté…) dont nombre de ses militants et mandataires sont issus, c’est naturellement vers Écolo qu’ils se tournaient.
Cette période fut ouverte en 1996-98 par l’opération des « états généraux de l’écologie politique » (Egep), moment privilégié de rencontre entre un parti encore vierge et une société civile en ébullition qui sortait de la Marche blanche. Elle est désormais achevée. Selon ceux qui l’avaient imaginée à l’époque contre les tenants d’une écologie politique qui s’auto-définirait en circuit fermé, « la démarche des états généraux [n’était] pas destinée à s’éteindre » [3]. Dans la foulée, Écolo devait se recentrer sur deux objectifs : « Sur son rôle fondamental d’institution organisant la représentation politique, la sélection et la formation du personnel politique […] et sur l’invention de modalités d’intervention dans les rapports avec les syndicats, associations, collectifs, la recherche d’une nouvelle fonction sociale d’animation et de partenariat avec la société civile » [4].
La case « société civile »
Écolo n’a jamais abandonné le premier de ces objectifs, et l’a même systématisé et professionnalisé dans le cadre semi-autonome d’Etopia [5]. En revanche, les filières de recrutement se sont raccourcies. Il est de moins en moins nécessaire de passer par la case « société civile », d’y avoir accumulé de l’expérience et fait ses preuves pour faire carrière à Écolo, à l’exception de la célèbre Fef-connection d’où sont notamment issus Philippe Henry, Emily Hoyos et Jean-Marc Nollet. Quant au second objectif, c’est peu dire qu’il est devenu inatteignable, et ce pour d’excellentes raisons. Tant il est concevable que la société civile (pour autant qu’elle puisse s’accorder sur des objectifs communs) contribue à la mise sur orbite d’un parti politique, il est sain que ce rapport privilégié cesse dès lors que le parti en question s’installe dans le cercle du pouvoir, là où se trouve désormais Écolo. Il fallait être aveugle à cette inéluctable évolution pour lancer en 2010, sur le modèle devenu mythique des Egep, des Rencontres de l’écologie politique définies comme « un large processus participatif de consultations, d’échanges, d’actions et de débats initié par Écolo et Etopia ayant pour objectif de construire les réponses aux grands enjeux politiques de demain tout en réconciliant les citoyens et le politique ». Ces rencontres se résumèrent à l’organisation de conférences d’un intérêt inégal, en l’absence de tout partenaire associatif un peu consistant et sans aucune production de ces « réponses » attendues. Résultat : Écolo était bien devenu un parti comme un autre, c’est-à-dire une institution tendue vers l’exercice du pouvoir et entretenant avec la société des rapports finalement pas très différents que ce n’est le cas pour le PS ou le CDH. Ce n’est pas un reproche, mais il ne faut plus se raconter d’histoires.
Le conseil de Yannick Noah
De 1999 à 2009, la vie d’Écolo fut rythmée par le yoyo de ses résultats électoraux en dents de scie. Ceux-ci furent tributaires de l’actualité : quand les questions environnementales ou de santé publique s’imposaient au premier plan, son score montait, et inversément. Alors que les Egep avaient su positionner Écolo comme parti généraliste, l’obligation quasi mécanique de la compétition électorale qui consiste à valoriser ses atouts le poussa à mettre en avant son core business : il était bien identifié électoralement comme un premier choix sur ses thèmes de prédilection. Sous la direction de Jean-Michel Javaux, devenu en 2003 secrétaire fédéral puis coprésident, Écolo s’appliqua à lui-même le conseil de Yannick Noah aux joueurs de tennis : on se renforce en améliorant prioritairement ses « points forts » qui permettent de faire la différence. Renforcer ses « points faibles » (social, finances…) pour lequel il y aura toujours plus crédible que soi brouille le message tout en gaspillant son énergie. La montée en puissance dans l’opinion de la crise environnementale et de la prise de conscience qu’elle induisait, qui culmina au sommet (raté) de Copenhague en 2009, donnaient toute sa chance à cette orientation.
La crise bancaire qui débarqua en Europe la même année fit s’effondrer ce scénario. Devant l’ampleur de la catastrophe sociale annoncée, menaçant dans ses bases un modèle social européen qu’on imaginait acquis pour l’éternité, les préoccupations environnementales apparurent à nouveau comme un luxe. Il n’est plus possible désormais d’éluder la question de fond : est-il encore envisageable de préserver l’essentiel (en ce compris un minimum d’équité environnementale, qui va presque toujours de pair avec l’équité sociale) dans le cadre d’un « capitalisme de concertation » qui débouche sur une explosion sans précédent des inégalités ? L’absence de réponse à la hauteur des circonstances a précipité la défaite cuisante de la gauche social-démocrate en Grèce, en Espagne et au Portugal. Elle a détruit la gauche italienne à l’expérience pourtant si riche. Partout ailleurs, elle a provoqué une lame de fond sociale et culturelle qui s’exprima confusément dans le mouvement des Indignés. Tous les indicateurs le montrent : une alternative radicale se cherche et est en attente d’un débouché politique. Le fait que la catastrophe de Fukushima (mars 2011) n’eut aucune influence sur les sondages d’intention de vote en Europe montre bien où se situent désormais les angoisses de la population, classes moyennes comprises.
On voit le chemin parcouru en une décennie par Écolo : complètement tributaire de l’agenda des gouvernements de coalition auquel il participe, ce parti est passé complètement à côté de cette nouvelle donne, se révélant incapable de la moindre prise de risque [7]. En témoigne la vacuité de la campagne interne pour le renouvellement de la coprésidence. Pour remplacer le tandem Javaux-Turine, deux équipes issues du sérail se portèrent candidates, la première (Deleuze-Hoyos) un peu plus légitime sans doute aux yeux des cercles dirigeants du parti que la seconde (Gerkens-Hellings). Pendant toute la durée de cette campagne, impossible de distinguer ce qui séparait politiquement la première de la seconde. Toutes deux avaient veillé à s’inscrire scrupuleusement dans les pas de « Jeanmi », dans un bel exercice de langue de bois verte qui réussit à éluder toutes les nouvelles questions théoriques et stratégiques posée par une situation tout de même assez inédite. À part des questions de style (un libéral-libertaire succède à un « gendre parfait » catho et royaliste), la nouvelle coprésidence nous annonce (pour prendre une expression qu’on apprécie chez les Verts) « toujours plus de la même chose ». Une interview surréaliste d’Olivier Deleuze au quotidien Le Soir (31 mars 2012), sur la possible émergence d’une force de gauche « à la Mélenchon » donnait l’impression que 2012 pouvait s’appréhender avec les lunettes de 1981, quand on venait à peine de sortir des Trente Glorieuses. Bref, rien de neuf sous le soleil… Écolo poursuivra sa route comme si de rien n’était. La bienvenue opposition au fédéral ne sera pas mise à profit pour hausser le ton. Impossible d’ailleurs puisque, désormais, en Belgique, le pilotage des politiques publiques – et donc de l’austérité – associe tous les gouvernements du pays. Le renouvellement tellement nécessaire de l’offre politique n’empruntera probablement plus ce chemin-là.
(1) On sera moins affirmatif à propos d’une autre singularité éthique des Verts : l’exigence de se limiter à l’exercice de deux mandats successifs, celle-ci étant contournée par l’octroi de dérogations systématiques. Aujourd’hui, le taux de rotation des élus d’Écolo ne se différencie plus de celui des autres partis, donnant ainsi de la consistance à la notion controversée de « classe politique ».
(2) Après sa large victoire électorale de juin 1999 et son entrée dans le gouvernement Verhofstadt I sur base d’un programme jugé unanimement mauvais, Écolo se dota d’une direction (Jacques Bauduin, Philippe Defeyt, Brigitte Ernst) plutôt hostile à cette participation mais obligée de l’assumer. La « participopposition » devait désigner un jeu pervers dedans-dehors finalement insupportable pour les partenaires libéraux et socialistes, qui s’en souviendront avant de se relancer dans l’expérience.
(3) Christophe Derenne, « Réinventer le parti à partir de la société », Politique, n°7, juin-juillet 1998. Consultable sur le site d’Etopia..
(4) Jacques Bauduin, « Vous avez dit post-libéral ? », Confrontations, Luc Pire, 1995, cité par Christophe Derenne, op. cit..
(5) Par exemple dans le cadre des Rencontres du nouveau monde et, surtout, de l’Académie verte
(6) Voir Olivier Biérin, coprésident d’Écolo-J, « Les verts sont-ils (déjà) has been ? », Politique n° 72, novembre-décembre 2011.
(7) Il y avait pourtant une place à prendre en dehors des candidatures de l’« appareil », car une gauche est bien repérable au sein d’Écolo, de la base jusqu’aux groupes parlementaires en passant par les équipes de conseillers. Son incapacité – son refus ?– à se transformer en force de proposition a laissé le champ libre à l’éternel dissident interne Bernard Wesphael qui partait battu d’avance, n’étant notamment pas en mesure de séduire des écologistes bruxellois culturellement « de gauche » mais qui n’auraient jamais pu se reconnaître dans l’insistance sécuritaire et l’accent mis sur la « neutralité de l’État » (suivez mon regard…) du député liégeois.
Écolo : pour en finir avec le yoyo
Politique, n° 87, décembre 2014
Dans le spectre politique européen, si on fait abstraction des formations météoriques, le yoyo d’Écolo n’a aucun équivalent, même pas du côté d’autres partis verts placés dans des situations comparables (système électoral proportionnel, présence simultanée d’une social-démocratie classique et d’un parti démocrate-chrétien, concertation sociale). Les Verts flamands (Agalev puis Groen) ont partagé avec Écolo le premier cycle du yoyo (1995-2004), quoiqu’avec des effets moins dévastateurs, mais pas le second. Si on fait abstraction de l’anomalie de 1999, Groen apparaît en croissance lente. Les Verts allemands ont partagé avec Écolo le deuxième cycle, mais dans des proportions infiniment moindres. Quand aux Verts autrichiens, ils y ont échappé à cause d’un calendrier électoral décalé. (Voir tableau.)
… les scores de leurs défaites sont, par comparaison, absolument normaux. Ce sont les victoires qui sont tout à fait exceptionnelles.
Dans les pays du capitalisme rhénan, les partis écologistes semblent disposer désormais d’un socle électoral situé entre 8 et 12%. Ce n’est pas rien. Ceci devrait réconforter les membres d’Écolo : les scores de leurs défaites sont, par comparaison, absolument normaux. Ce sont les victoires qui sont tout à fait exceptionnelles. Elles ont été la conséquence de circonstances extérieures sur lesquelles personne n’avait prise. Inutile de rêver à retrouver de tels scores. Un objectif plus réaliste consisterait à stabiliser son ancrage social et électoral – ce qui implique d’abord d’être capable de l’identifier –, puis à l’élargir dans des directions précises en cessant de vouloir « ratisser large », une tâche de toute façon vouée à l’échec tant certains intérêts sociaux sont rigoureusement contradictoires.
Société civile : le divorce
Avec le recul, les victoires de 1999 et de 2009 semblent avoir fait plus de mal que de bien. Elles ont semé l’illusion qu’Écolo pouvait devenir à court terme la troisième pointe d’un « trinôme » avec les socialistes et les libéraux, le déclin des chrétiens-humanistes étant considéré comme acquis. Cette illusion a eu un effet dévastateur : Écolo a normalisé son discours, en le calibrant en permanence sur les attentes supposées d’une « opinion publique » formatée par le système médiatique à coup de sondages et d’enquêtes d’opinion.
Cet « aplatissement » de la complexité ne convient pas aux écologistes. L’articulation de l’urgence sociale et de l’urgence environnementale, priorités indissociables de tout écologiste de gauche, ne va pas de soi. C’est pourquoi une relation étroite avec la société civile leur est tellement indispensable. Peu portés à la démagogie, ils auront toujours du mal à s’adresser au « peuple » sans l’intermédiaire de cette couche décisive composée de milliers de citoyens organisés en syndicats et en associations qui traduisent les aspirations d’un autre « peuple » que celui qui est invoqué quand on se réfère à l’« opinion publique » des cafés du Commerce. À Écolo, on avait fini par oublier que ses succès tenaient largement à son lien privilégié avec un des tissus associatifs les plus serrés d’Europe.
Or, ce lien a été rompu deux fois. La première en 1999, quand les Verts sont entrés dans les majorités arc-en-ciel. L’épisode mérite d’être rappelé. Entre 1996 et 1998, sous le label des Egep (états généraux de l’écologie politique), Écolo avait réussi une vaste opération de dialogue avec les forces vives de cette société civile. La victoire, imprévue dans cette ampleur, aux élections de 1999 lui ouvrait les portes des majorités à côté de partis perdants (socialiste et libéral) qui lui imposèrent un programme jugé unanimement insuffisant par les Verts et leurs partenaires des Egep. Pour ces derniers, la faiblesse de ce programme aurait dû maintenir les Verts dans l’opposition. Mais, d’un autre côté, « les électeurs n’auraient pas compris » qu’Écolo refuse un pouvoir qui semblait s’offrir à lui. Un troisième argument emporta sans doute la décision : la génération politique qui avait créé Écolo aspirait désormais à autre chose. Même si les conditions politiques n’étaient pas idéales tant la complicité culturelle et personnelle de ses futurs partenaires crevait les yeux, elle n’allait pas rater l’occasion de s’inviter à la table du pouvoir. À la suite de quoi la société civile des Egep se retira sous sa tente, un peu déçue d’avoir servi de marchepied à une opération de promotion politique qu’elle n’approuvait pas. Elle n’en sortira plus, comme la tentative ratée de rééditer l’opération Egep en 2011 le démontra.
TSCG
La deuxième rupture est plus récente. Il s’agit, en 2013, de l’acrobatie à laquelle se livra Écolo à propos du TSCG (le traité européen dit de la règle d’or qui constitutionnalisait l’austérité) dont la ratification fut soumise au vote de toutes les assemblées du pays. Écolo s’y opposa au niveau fédéral, là où il siégeait dans l’opposition, et le vota partout ailleurs, là où il participait aux majorités. L’argumentation pour justifier cette curieuse polyphonie fut un superbe exercice de langue de bois qui ne pouvait convaincre personne… sauf, à la rigueur, des partenaires gouvernementaux qu’on souhaitait rassurer. Sans doute cette question, assez technique, n’a pas influencé massivement le vote des électeurs. Mais il se trouve qu’elle avait mobilisé toutes les organisations de la société civile avec lesquelles Écolo se piquait d’avoir des relations privilégiées. Leur opposition résolue n’eut aucun effet sur la décision du parti vert. Cette insensibilité en dit long sur la dégradation d’une relation qui fut étroite il y a vingt ans.
Cette dégradation a eu un effet collatéral sur la pratique politique écologiste. À partir de 1999, on a vu se constituer petit à petit une « caste politique » au sein d’Écolo. Ce phénomène n’est encore qu’embryonnaire en comparaison avec les partis concurrents. Mais le flux d’échanges entre le personnel politique écolo et la société civile a été rompu. On fait désormais carrière au parti directement, sans la légitimité acquise ailleurs qui faisait sa richesse à ses débuts.
La démonstration de l’utilité sociale d’un parti comme Écolo passe sans doute par la reconstruction de ces liens brisés et par l’invention d’une forme inédite de partenariat où personne n’instrumentalise personne. Vaste programme…